Pourquoi ce travail ? | |||||
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Et puis le métier d'architecture m'a pris tout entier. De très modestes projets d'abord, puis des commandes publiques, de plus en plus importantes, au milieu d'une grande équipe. Un jour est venu où mon rôle était plus celui qui oriente l'étude sur tel ou tel chemin, que celui qui compose un projet jusque dans ses moindres détails. J'ai alors senti la nécessité de faire oeuvre dans un autre domaine, libre de créer hors de toute contrainte. J'ai toujours aimé l'écrit et côtoyé très jeune l'oeuvre de certains poètes. Et si "l'espace indicible" cher à Le Corbusier m'était familier à la rencontre de certaines oeuvres architecturales, approchées dès mon enfance, la poésie m'apportait aussi une émotion singulière. Très proche de la nature et passant des vacances sur la côte atlantique, j'étais séduit par la richesse tant esthétique que poétique, portée par toutes fortunes de mer, bois flottés, filets, vieux bois de bateaux fortement colorés. C'est alors que j'ai commencé à réaliser de grands assemblages de bois de mer, cherchant une dynamique, des rythmes. Mais les mots me manquaient... Ainsi, j'ai réalisé mes premiers coffrets, il y a plus de vingt ans. Je dispose dans des contenants de tailles et de destinations diverses (boîtes à compas, boîtes à médaille, boîtes d'instrument de musique, coffrets de métronome, modeste écrins de bois blanc ou coffrets de bois nobles aux belles articulations de laiton) un assemblage fait de touts et de riens recuillis là où mes pas me mènent et d'un texte dont je suis l'auteur. Ainsi se côtoient : |
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Ainsi se cotoient mes mots assemblés, cueillis dans le quotidien et amassés dans un petit carnet qui ne me quitte guère. Ils sont mis en forme après l'achèvement de l'assemblage et parfois certains coffrets restent muets. N'ont-ils pas eu la force, ces mots, de venir éclore à la surface de moi-même ? Est-ce par discrétion, respect de l'intime, émotion trop forte ? Le coffret fermé est souvent d'une stricte discrétion — un peu comme une reliure janséniste — la beauté du bois ou du cuir suffit, quelquefois un petit |
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quelque chose pour éveiller l'intérêt et la curiosité. C'est à ce moment que j'espère susciter l'émotion, créer la surprise par la subtilité des matières, leurs contrastes, leurs teintes, leur s odeurs parfois, leur "vécu", leur nouvelle vie. Et il me plaît d'être un peu magicien en donnant à ces riens un côté "Trésor". Et les mots qui s'entrechoquent créent des harmonies ou des dissonances. Ils sont écrits à l'encre de couleur argentée, nécessitant quelquefois de déplacer, le support pour éviter les reflets (ainsi je cultive l'insolite, le précieux, le secret). Les thèmes abordés sont très divers : l'océan, le rêve, la mémoire, la complexité des êtres, le mystère des choses, la nature, tout ce qui me tient à coeur. L'ensemble constituant un peu comme un reliquaire mêlant préciosité, secret, message, poésie. Bien sûr, le temps aidant, j'ai sur mes étagères une quantité de boîtes vides et ayant fait telle ou telle découverte d'objets inolites, c'est un jeu pour moi de choisir quelle boîte servira d'écrin au prochain travail. Ainsi des boîtes restent vides des années, d'autres se remplissent très vite. Accueillir le dérisoire telles sont les clés de mon travail. |
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